Dessin Anne de Constantin

 

Science et Connaissance

De la matière à l'Esprit

 

Samedi 9 janvier 2016, Paris

 

Tout au long du XXe siècle, la science a fait, de l’infniment petit à l’infiniment grand, des découvertes immenses concernant le fonctionnement de l’univers, la nature de la vie et de la conscience.

 

Ces progrès peuvent-ils nous aider à dévoiler le pourquoi et le comment de ce qui est ? Dans ces rencontres exceptionnelle, un astrophysicien, un physicien, un biologiste, un neu- rologue, un philosophe et un théologien nous amèneront sur les frontières de notre savoir pour explorer avec eux les fascinantes implica ons métaphysiques de ces découvertes.

 

Ces nouveaux regards scientifiques portés sur l’Univers seront, pour conclure, rapprochés des visions traditionnelles et religieuses, ce qui permettra de créer un pont entre ces deux grandes dimensions de l’aventure humaine.


Ce grand colloque du 9 janvier, point d'orgue des manifestations organisées pour les 20 ans de Université interdisciplinaire de Paris a été un grand succès.
 


Le Cheikh Bentounes avec l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan, Luc Montagnier, Jean Staune, Anne de Constantin, Thierry Magnin et les autres intervenants le 9 janvier 2016 à Paris

 

 

Et cela grâce à la synthèse présentée par des scientifiques, un philosophe, un théologien et des représentants de différentes traditions mais aussi  des interventions surprises comme celle du prix Nobel de médecine Luc Montagnier et celle (remarquée) de l'ambassadeur de l'Inde.
 
Pour tous ceux qui n'ont pas pu y assister ou pour ceux qui voudraient revivre ces moments forts toutes les conférences sont désormais sur Youtube.

 

Avec la participation du Cheikh Bentounes, leader spirituel de la voie soufie Alâwiyya (1ère intervention)

 

 

Transcription de l'intervention du Cheikh Bentounes, le 9 janvier 2016

 

Un remerciement pour ce moment qui a été un réenchantement, mais aussi une crainte de l’urgence dans laquelle se trouve le monde aujourd’hui. Je représente la tradition spirituelle musulmane. Merci Monsieur l’ambassadeur de nous donner une belle leçon du vivre ensemble de l’Inde. Merci de votre franchise. Je connais ce pays, je l’ai visité il y a très longtemps, et ce que vous dites est vrai. Cette cohabitation inter-religieuse, inter- tradition est une réalité, même avec les défauts que vous avez présentés.

 

La tradition soufie nous rappelle une chose essentielle:  tout d’abord, le monde est comme un métier à tisser. Et, la science, en tous les cas  es astrophysiciens nous ont fait un très beau cadeau en nous montrant l’histoire, la genèse de l’univers et en la condensant dans un temps microscopique, c’est-à-dire l’échelle d’un mois, d’une journée. L’homme effectivement, n’est rien, puisque nous sommes, nous ne vivons que les dernières minutes ou les dernières secondes depuis que nous sommes présents sur cette terre. Donc ce métier à tisser, de l’univers ou des univers, nous échappe.

 

Nous sommes dans un va et vient entre des fils de différentes couleurs, de différentes structures qui font ce va et vient de la vie, entre la mort et la vie, les uns après les autres : le minéral, le végétal, l’animal et enfin l’homme. Et l’homme ne réussit pas à atteindre cette perfection qui est l’humanité, qui est d’être humain, de porter en lui l’humanité. Et la tradition soufie nous rappelle que c’est d’abord en tant qu’être que chacun de nous doit réaliser ... La connaissance, c’est la réalisation du projet, de l'humain en nous. Donc ce tapis qui défile, ces fils qui se tissent, ce métier à tisser, qui avec nous ou sans nous continuera, tisse notre histoire. L’histoire des univers, y compris l’histoire de l’humanité. Comment aujourd’hui nous pouvons permettre à l’histoire de se dérouler pour que l’œuvre - parce que c’est pas nous qui avons la vision sur l’œuvre, nous avons la vision du passé ; nous ne connaissons pas l’avenir, nous n’avons pas l’histoire de l’avenir - qu’est-ce que nous allons devenir ? Qu’est-ce que l’humanité d’aujourd’hui et de demain ? Et c’est là où l’urgence devient un impératif.

 

Est-ce que chacun de nous est capable d’être le porteur, le géniteur, le semeur de la paix et de l’humanité ? Est-ce que chacun de nous a assez de place dans son cœur pour avoir de la générosité pour son prochain ? Est-ce que chacun de nous est capable de tisser les liens avec les siens, le prochain, le proche et le lointain ? Est-ce que chacun de nous est capable de pouvoir, sans communautarisme, prier, méditer, se relier ? Toute la question est là : la paix, la générosité, le lien et la relation à l’absolu. Comment réaliser ces quatre points importants dans une humanité en souffrance ?

 

Des millions de gens aujourd’hui, l’urgence elle est là, elle crève les yeux. Ce sont des millions de gens dont les pays sont ruinés, des états entiers sont détruits, et nous ne savons pas sur quoi nous allons.. nous venons de passer une année 2015 qui a été marquée par le sang, même ici à Paris. Qui nous dit qu’en sortant d’ici nous n’allons pas être les victimes de cette violence, qui devient la seule réponse chez nos jeunes ? La seule et unique réponse ! mais ces jeunes, leur modèle il est où ? Où l’ont-ils pris ? Dans la religion ? Certainement pas ! certainement pas ! Toutes les traditions nous ont laissé une sagesse énorme. Nous avons vu défiler aujourd’hui même des textes anciens, des textes du 15ème, du 16ème, du 17ème siècle des philosophes etc. d’une tradition, mais toutes traditions nous ont amené une sagesse, nous ont appris la mesure, la voie du milieu, la voie de la tempérance, la voie de l’espérance, etc. toutes ont voulu humaniser notre animalité, humaniser notre violence héritée d’un passé animal. Puisque nous faisons partie de la création, donc nous avons dans nos gènes à la fois le minéral, le végétal, l’animal et l’homme est en train de se faire, de seconde en seconde ; à l’échelle cosmique c’est de seconde en seconde.

 

Donc nous sommes loin d’avoir réalisé le sens de l’humanité. Nous cherchons Dieu : nous fuyons de Lui vers Lui, nous fuyons de Lui vers Lui. C’est-à-dire, l’univers est en expansion, il fuit l’origine. Cette poignée comme l’indique la sagesse traditionnelle soufie en disant que Dieu a pris une poignée de Sa lumière et Il lui a dit : sois ! et elle fut. Et cette poignée de lumière, la douleur de la séparation l’a fait, cette douleur de la séparation l’a fait bouillir, a fait d’elle une condensation. Cette peine de la séparation l’a fait à la fois se rétrécir et après s’éclater comme si elle pleurait en sanglots et elle a fait l’univers : l’espace et le temps. Donc poétiquement, il nous donne une image, la séparation de notre origine première qui est la lumière, est la cause de notre quête permanente d’un bonheur perdu. Je crois que j’arrêterai là pour laisser un peu la parole aux autres.

 

 

L'intervention de Anne de Constantin

 

L'intervention de Jean Staune

 

L'intervention de Trinh Xuan Thuan

 

L'intervention de Luc Montagnier

 

L'intervention de Thierry Magnin

 

Anne de Constantin, Responsable de la Fondation Denis Guichard, est l’organisatrice avec Jean Staune du colloque Science et Connaissance. De la matière à l’Esprit, qui s’est déroulé le 9 janvier 2016. La Fondation Denis Guichard existe depuis plus de 30 ans. Dès son commencement, elle défendait l’écologie, peu pratiquée alors.

 

Elle nous parle avec simplicité du pourquoi de ce colloque, de la cohésion accomplie entre science et spiritualité dont la réussite l’a émue jusqu’aux larmes car ce n’étaient pas des mots, mais une alliance pleine de promesses.

 

 

Jean Staune raconte le colloque "Sciences et Connaissance : de la matière à l’Esprit", comment chaque intervenant a contribué à sa réussite. Pour lui, son objectif est le "Ré-enchantement du monde", un monde qui a vraiment besoin de retrouver un sens : c’est sans doute la raison du succès de ce colloque.