Texte distribué aux délégations présentes lors du Premier Sommet Humanitaire Mondial (World humanitarian summit) Istanbul (Turquie) du 23 et 24 mai 2016

Le sens d’une initiative.

 

Dans le monde incertain dans lequel le XXIème siècle nous fait entrer, s’affirment, en même temps, les effets contradictoires d’un impressionnant progrès des sciences et des techniques et une grave crise identitaire, culturelle et éthique.


D’une part, nous assistons à la montée en puissance d’un processus d’homogénéisation et de standardisation des modes de vie sous l’influence d’une économie gangrénée par la financiarisation et un tissu arachnéen de communications hypertrophié, porté par la numérisation et la faiblesse de véritables dispositifs de régulation.

 

D’autre part, s’affirment une réaction de repli identitaire qui peut aller jusqu’à la négation de l’altérité et le recours à la violence et au terrorisme aveugle.
Devant ces défis que l’humanité doit
affronter, il est nécessaire de travailler, en premier lieu, à faire prendre conscience des dangers multiformes qui menacent les sociétés, les individus et la nature.

 

Dans ce monde de la rareté des ressources où s’exaltent les inégalités, et les ségrégations sociales et territoriales, il est vital de proclamer la sacralité de la vie et la nécessité du vivre ensemble dans un environnement collectivement préservé. Plus que jamais, nous avons besoin d’un nouveau regard pour engendrer et véhiculer ensemble une mutation profonde de la société.

 

L’humanité d’aujourd’hui est confrontée à des problèmes de tous ordres qui nous amènent vers la rupture, voire la catastrophe : chacun est témoin au quotidien des dégâts causés par la perte de sens, l’individualisme, le manque de liens sociaux, le manque de confiance en l’avenir et le sentiment de vide et d’impuissance.

 

Depuis plus d’un siècle l’ordre soufi alâwî œuvre à la réconciliation, au dialogue et à la fraternité universelle entre les membres de la famille humaine.


L’UNESCO l’a reconnu lors de sa 37ème Conférence générale tenue, au mois de novembre 2013 comme : « une école pour la tolérance et la convivialité religieuse ». Elle motive sa décision en rappelant au monde que dès 1914 “ l’ordre soufi alâwî, a fait de la promotion du dialogue interreligieux sa priorité.

 

L’ordre montre comment mieux servir l’humanité ; comment tenter d’harmoniser et d’embellir le monde. Il accepte et admet tout ce qui peut apporter à l’homme le confort matériel, mais toujours en étroite relation avec la dimension intérieure, dans un équilibre permanent entre le profane et le sacré.

 

L’ordre mise sur la fraternité aimante des hommes. Il invite, en effet, à ne pas rejeter la rationalité au détriment de la spiritualité, à ne pas s’enfermer dans une religiosité frileuse “.


Il est représenté aujourd’hui par l’Association
Internationale Soufie Alâwiyya reconnue par l’Organisation des Nations Unies en qualité d’ONG Internationale avec “ statut consultatif spécial “ auprès de son Conseil Économique et Social (ECOSOC).

 

De la culture du je à la culture du nous.

Notre monde actuel est fondé sur une structure pyramidale basée sur une opposition entre le sommet fait d’une élite qui distribue les pouvoirs et les avoirs, et d’une base qui délègue et se trouve démunie. Cela engendre automatiquement inégalités et conflits. Comme alternative à ce système pyramidal, AISA ONG Internationale propose l’outil du

Cercle d’éveil aux vertus et aux qualités qui reconnait l’unité d’une humanité en tant que sujet vivant, juridique, social et politique, responsable de la régulation du monde dans l’intérêt de tous.

 

A la compétition de la vision pyramidale se substitue la coopération, à l’individualisme destructeur se substitue l’altruisme constructif et générateur de bienfaits, une intelligence collective favorisant une connaissance partagée.


Pour passer d’une culture qui divise le monde, porte ouverte au conflit, à une lecture humaine, fraternelle de notre univers, porte ouverte au dialogue, accueillant tous les aspects de la vie et amenant à la paix, AISA ONG Internationale a puisé dans la sagesse universelle des spiritualités.

 

Cette appropriation, cette prise de conscience et cette transmission se font par la réflexion, l’action et l’amour de nos semblables, ce qui implique de passer de la culture du je à la culture du nous de sorte que la communauté humaine soit unie par les mêmes principes.

 

Mais comment peut-on aujourd’hui comprendre et interpréter à travers la diversité des messages des religions, leur unité fondamentale ?
Comment chacun peut-
il vivre l’expérience de l’un à travers le multiple ?
Y a-t-il au-delà de la différence des dogmes, des doctrines, un lieu commun où la présence divine se révèle à l’être assoiffé de Vérité et de justice.

Peut-on objectivement reconnaître le lien subtil, invisible, nous reliant à la conscience universelle habitée par une vérité unique ?


« Les hommes, malgré leurs différences, constituent une vérité unique ; l’être humain est par rapport à la société comme le membre par rapport au corps : les membres diffèrent entre eux car diverses sont leurs fonctions, mais on ne peut se dispenser d’aucun d’entre eux, quel qu’il soit, sous prétexte qu’il existe un autre membre plus noble : chacun est noble en raison de sa nécessité. » répond le Cheikh al-‘Alâwî dans ses Recherches philosophiques n° VIII.

 

Une nouvelle alliance

Une des réponses à ces questions ne serait-elle pas dans une nouvelle Alliance sociale : aller à la rencontre de l’autre ; ouvrir le dialogue entre le « meilleur de soi-même » et le « meilleur de l’autre » ; se rassembler sans se ressembler pour construire la société du « vivre ensemble » où chacun enrichit l’autre par sa différence.

 

Mettre en synergie les savoirs, les pouvoirs, les connaissances au profit de tous. Portés par une énergie fédératrice, retrouver la confiance et la clairvoyance, l’équilibre du corps et de l’esprit pour en finir avec l’illusion du paraître et le rapport de force qui nous handicape.

 

Pourquoi le 21 septembre ?
La tragédie du 11 septembre a marqué l’histoire et nos mémoires. Depuis le monde a basculé dans une violence incontrôlée alimentant les peurs, le rejet, la défiance et toutes les phobies.


La journée du 21 septembre, elle, n’est pas encore entrée dans notre imaginaire collectif. C’est pourtant la Journée Mondiale de la Paix décrétée par l’ONU.

 

AISA ONG Internationale a décidé de s’engager et a placé tous ses efforts pour faire de cette journée, la Journée Mondiale de la Paix et du Vivre Ensemble célébrée dans nos villes et nos pays pour offrir à travers l’engagement citoyen - une vision partagée de notre communauté de destin et permettre à nos institutions d’adhérer à un mouvement reconnu au niveau international.


Avec un nouveau regard, nous pouvons engendrer et véhiculer collectivement une mutation profonde pour construire la société de demain et proposer un outil permettant
d’exprimer, haut et fort, cette volonté d’apprendre à mieux vivre ensemble.

 

La JMVE invite à une réflexion partagée et par l’action citoyenne, veut mettre en synergie les consciences en organisant des conférences et des ateliers où les vertus et les qualités de chacun sont mises en avant.


La JMVE veut ainsi promouvoir une humanité par la culture du lien et une citoyenneté
imprégnée des valeurs essentielles du Vivre Ensemble où personne n’est laissé de coté. La JMVE invite à construire des ponts.

 

Aux nouvelles générations, notre avenir, en quête de repères et de sens, il s’agit d’offrir un véritable parcours éducatif, civique, constitué de valeurs, de savoirs, de pratiques et de comportements, favorisant une participation efficace et effective à la vie sociale et professionnelle et lui permettant d’exercer sa liberté en pleine conscience des droits d’autrui, de refuser la violence et d’apprendre à débattre sans se battre.

 

La JMVE invite à puiser dans le patrimoine commun des sagesses de l’humanité pour retrouver Paix et spiritualité.
En revisitant les textes sacrés, elle met en lumière leur caractère universel. Elle favorise ainsi la réconciliation entre les cultures et les traditions de la famille humaine.

Elle est une occasion pour favoriser une spiritualité vivante qui donne sens à la vie.


La JMVE, inspirée par la « Déclaration d’Oran » adoptée lors du Congrès International Féminin - Parole aux Femmes, pour une culture de Paix – qui s’est tenu en octobre 2014 en Algérie, s’engage pour l’égalité et l’harmonie des genres.


Elle rappelle que c’est sous l’éclairage de l’énergie féminine, par essence porteuse de paix,
que peut se réaliser la réconciliation homme-femme et la complémentarité de leur unité. La JMVE propose de créer l’Académie de Paix. Son rôle sera d’initier et d’enseigner une pédagogie et une méthode pour développer la Culture de Paix dans tous les segments de la société.


Elle fédérera les initiatives
œuvrant dans ce sens. Chaque année, elle décernera un prix international qui récompensera les initiatives d’hommes ou de femmes qui œuvrent pour le Vivre Ensemble et la Culture de Paix.


Pour cette raison, AISA ONG Internationale
a pris l’initiative avec la fondation méditerranéenne pour le développement durable en Algérie et le programme MED 21 en France de créer le prix EMIR ABD EL KADER pour la promotion du Vivre Ensemble et de la coexistence pacifique en Méditerranée et dans le monde.

 

Le sens d’une dénomination

L’Emir Abd el-Kader fut un humaniste convaincu qui croyait à une solidarité sans rivages entre les frères en humanité, sans aucune distinction. Il sauva, avec courage et fermeté, lors des émeutes de Damas (1860), des milliers de chrétiens menacés par la vindicte d’une foule manipulée. Le message d’ouverture et de tolérance, de fraternité et solidarité qu’il nous a légué, mérite d’être continué et, sans cesse, renouvelé dans le cadre d’un Prix qui porterait son nom. L’Emir Abd el-Kader recommandait à l’Homme de « considérer l’âme de ses semblables et la sienne comme venant d’une même Origine [...] Dieu étant le Dieu du tout ; il faut donc que nous aimions ce tout. » (Kitâb al- Mawâkif « Les Haltes »).

 

Appel au soutien

AISA ONG Internationale invite le Secrétaire Général des Nations Unies, les membres permanents du Conseil de Sécurité et tous les Etats membres de l’ONU à l’aider à promouvoir et inscrire la journée du 21 septembre comme celle de la Paix et du Vivre Ensemble au calendrier officiel mondial et d’en faire aussi la journée de l’Alliance pour les civilisations car comme le remarque Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire Général de l’ONU, elle est en train de sceller la confiance et la compréhension et sa valeur est inestimable pour relever les défis de notre temps.

 

Cheikh Khaled BENTOUNES Président d’honneur AISA ONG Internationale