"L'islam n'est pas une religion d'église. Elle est une religion du livre. Il n'y a que le livre qui s'impose à la conscience et à l'agir musulman. A cet égard, l'islam est éminemment une religion d'individus. Il n'y a que l'individu en contact avec la transcendance il et doit assumer son choix individuellement. Le salut dans l'au-delà se fait par la responsabilité et la liberté individuelles.

 

Le Coran vise à autonomiser, à libérer l'individu de tyrannie du groupe.

 

On a vu que l'islam est une foi, un culte, une pratique éthique mais également une pratique intérieure. C'est peut-être la dimension la plus importante. Ce qui se passe dans le coeur et l’esprit du croyant. L'islam parle des pratiques du corps, mais surtout des pratiques du coeur. La racine du bien est dans le coeur. La racine du mal également est dans le coeur. L'orgueil est l'origine du mal visible. Tout nait à partir d'une pensée, d'un sentiment.

 

Il faut combattre le mal dans sa racine, ce qu'on appelle le djihad intérieur, le djihad majeur. Combattre l'ennemi intérieur. Le mal. L'orgueil, l'avarice, le narcissisme, etc. qui sont les sources du mal dans le monde. L'ostentation également, le fait de la visibilité qui est une traduction d'une forme d'orgueil,  "je suis mieux que les autres, donc je dois avoir un comportement plus visible pour me montrer mieux que les autres", l'arrogance, le mépris de l'autre, tuer l'autre parce qu'il est différent, c'est une maladie intérieure qui se répercute sur le comportement et perturbe l'interprétation du texte. Quelqu'un qui a le vice intérieur ne peut interpréter le Coran que dans le sens du mal.

 

Le Coran lorsqu'il définit la tâche du Prophète: il doit transmettre la révélation, il doit purifier les coeurs avant d'enseigner le livre. Donc il faut nettoyer le le réceptacle de la connaissance qui est le coeur.

 

Celui qui a la haine contre la société, il ne peut qu'interpréter le coran dans le sens de la haine et de la division. Donc le mal n'est pas forcément dans le texte, il est dans le coeur de celui qui parfois interprète le texte."

 

Tareq Oubrou, Imam de la Mosquée de Bordeaux