16.11.2015

Regard du neuropsychiatre Boris Cyrulnik sur les attentats de Paris au micro de la journaliste Manuela Salvi

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik pose un regard inquiet sur les attentats de Paris, il compare la violence islamiste au péril nazi et pour lui, le pire reste à venir.

 

 

Il ne faut pas oublier que le nazisme en 1929 ne faisait pas 3 % des voix allemandes et 10 ans après, il faisait 95 %. Ces situations sont toujours déclenchés par des minorités et par un méchanisme de secte. Actuellement en France, ce sont des pauvres gosses des banlieues, des gosses largués qui sont récupérés et utilisés par une force religieuse et politique et qui sacrifie ces enfants pour imposer sa loi.

 

C'est un langage totalitaire qui a un énorme pouvoir de conviction puisqu'il entraîne des millions de gens qui sont prêts à mourrir pour un chef qui dit n'importe quoi et qui, pourtant, provoque l'accord de millions de gens. C'est un processus de contagion émotionnelle, bien plus que rationnelle. C'est difficile de négocier avec ces gens. Si c'était rationnel, on ferait la paix. C'est un processus émotionnel qui provoque l'indignation et cette indignation légitime des réactions de mise à mort ou de son propre sacrifice. J'ai dit sacrifice, pas suicide. Les salafistes disent que c'est une promotion.

 

Comment réagir ? Ni soumission, ni vengence. Il est important de déconstruire ce langage totalitaire.

 

Il y a deux mauvaises solutions: la première mauvaise solution, c'est de se laisser faire et même de participer à ce mouvement émotionnel. L'autre mauvaise réaction c'est de surréagir. C'est à dire de décréter que tous les musulmans sont des dictateurs, ce qui bien sûr, n'est pas vrai. La plupart des musulmans sont tout à fait fréquentables et sont atterrés par la manière dont leur religion est utilsée pour des fins politiques, et pour des fins dictatoriales. Il faut absolument se rencontrer, parler, et éduquer. Ce qu'on constate, c'est un processus de fanatisation qui est mis en place dans les écoles depuis 15 ou 20 ans. C'est le résultat d'une campagne de préparation, d'une éducation à la haine et de la fanatisation qui est en place depuis des années.

 

Actuellement avec quelques garçons et filles fanatisés, on peut tenir tête à une armée maintenant. Le Hezbollah avec 3'000 mercenaires à tenu tête à 130'000 Israéliens hyper-armés et hyper-entraînés. Donc c'est une bonne affaire pour les dictacteurs, en sacrifiant très peu d'hommes avec très peu de machines, on peut tenir en échec une armée, une culture, et un pays. Sauf si on s'intègre, si on décide de déconvertir les jeunes qui se sont laissés embarqués comme on le fait quand les gens essaient de sortir d'une secte. Pour cela il faut qu'il y ait un processus de parole, il faut qu'il y ait des rencontres, il faut qu'il y ait un processus culturel.

 

Boris Cyrulnik lors du Colloque à l'UNESCO

organisé par AISA ONG Internationale