Hommage à Eva de Vitray-Meyerovitch qui a fait connaître à l'Occident l'oeuvre de Djalâl ud-Dîn Rûmî (1207 – 1273)

 

Eva de Vitray-Meyerovitch (1909-1999) fut docteur en islamologie, chercheuse au CNRS dont elle dirigea le service des sciences humaines, traductrice et écrivain, et publia au total une quarantaine d'ouvrages et de nombreux articles.

 

A propos de Rûmî :

« Je lui ai consacré ma vie parce que j'ai pensé que son message était d'une telle urgence, d'un tel universalisme. Un message d'amour qui reprend les valeurs les plus essentielles du Christianisme et de l'Islam, sans rien renier, et en leur donnant une dimension tout à fait fraternelle et oeucuménique. »

 

Eva de Vitray-Meyerovitch "Islam, l'autre visage", Albin Michel, 1995

 

Entretien avec Colette Nour Brahy, amie de Eva de Vitray :

 

Le message universel de Rûmî

 

Le message de Rûmî est-il d'actualité pour les femmes ?

 

La tombe de Eva de Vitray :

Eva de Vitray

 

En savoir plus :

 

Eva de Vitray sur Wikipedia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eva_de_Vitray-Meyerovitch

 

Le Blog des Amis de Eva de Vitray-Meyerovitch

http://eva-de-vitray.blogspot.com/2011_01_01_archive.html

 

La dépouille du Pr Eva de Vitray-Meyerovitch repose désormais à Konya
http://www.dubretzelausimit.com/article-26410449.html

 

Extrait d'une conférence du Cheikh Bentounes à Konya, le 10 décembre 2010 qui a connu Eva de Vitray durant plusieurs années :

 

« Je voudrais souligner une chose très importante: le travail qu'a fait Eva de Vitray, faire connaître l'enseignement de Mawlana à l'Occident a eu une répercussion, un impacte extraordinaire sur les musulmans francophones du Maghreb, donc de l'occident chrétien mais aussi de l'occident musulman. Mawlana écrivait en persan, donc il est plus connu dans le monde turc et persan. C'est grâce à Eva de Vitray que nous avons pu découvrir ou re-découvrir Djelal-ud-Din Rûmî.

 

Elle a eu un destin exceptionnel. C'est en lisant Iqbal qu'elle découvre toute une réalité spirituelle du monde musulman qu'elle ne connaissait pas. Elle se jette dans cet océan comme quelqu'un qui va à l'aventure, sans savoir où cette quête allait l'amener. Elle a dû payer très cher cette quête spirituelle. Plus elle avançait dans la traduction et l'étude de Mawlana, plus elle découvrait un monde où l'unité fondamentale de l'être devenait à ses yeux une réalité incontournable. Elle a compris que les messages véhiculés par les religions monothéistes (juives, chrétiennes, musulmanes) ne pouvaient en fait que déboucher sur cette réalité unique et transcendantale.

 

Elle va porter ce message avec une grande souffrance parce qu'elle était rejetée par sa société. Elle est née dans une famille noble qui était, à la fois, catholique et protestante par la mère et la grand-mère et qui avait par le mari des racines juives. Elle avait réuni la synthèse de cette culture universelle. Il fallait qu'elle puisse transmettre ce message avec clarté. N'oublions pas que, dans les années 50, l'islam était plutôt regardé par l'Occident comme une religion d'une culture inférieure. Beaucoup de pays qui sont aujourd'hui indépendants ne l'étaient pas à l'époque. En tous les cas les pays du Maghreb, étaient sous occupation française ou anglaise.

 

Eva de Vitray   Eva de Vitray

 

Parler de l'Islam, traduire l'oeuvre de Rûmi, faire ressortir ce message, c était d' une grande difficulté à cette époque. Ce message n'était pas aussi accessible qu'aujourd'hui.

 

Eva était une femme résolue, avec une mémoire et une obstination peu communes. Quand elle désirait quelque chose, elle le faisait malgré tout. C'était une femme de tête, une battante. Je l'ai vue maintes fois, dans des rencontres ou symposiums se faire attaquer à la fois par ceux qui rejetaient l'Islam et disaient «le message que vous détenez n'existe pas, l'Islam c'est la religion de la violence et ce n'est pas la religion de l'amour», et par les musulmans eux-mêmes qui rejetaient les paroles qu'elle disait à travers Rumi à savoir que le message qui appelle les hommes à l'unité est universel. Ils disaient qu'il n'y a qu'un seul message, celui de l'Islam et qu'il n'y en a pas d'autre. Elle se faisait attaquer par les musulmans et les non musulmans ! Donc c'est une femme qui a porté sa croix. Elle l'a vécu dans sa chair, dans la difficulté, et non dans la paix et l'apaisement. Et voir qu'aujourd'hui la municipalité de Konya lui fait l'honneur d'enterrer ses cendres auprès de cet être qu'elle a aimé, qu'elle a défendu, qu'elle a traduit durant toute une vie - elle a voué toute une vie à Rûmi - , voir qu'elle repose aujourd'hui chez vous, je pense que c'est là de la part de la ville de Konya et du gouvernement turc lui rendre le plus grand des hommages.

 

Merci beaucoup au nom de tous ses amis. »

 
Cheikh Khaled Bentounes, Colloque de Konya, le 10 décembre 2010.

 

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