L'intelligence collective

 

A propos du Vivre Ensemble et du Faire Ensemble

 

Le Cheikh Bentounes au micro de Richard Federmann au Val de Consolation,

le 16 juillet 2015

 

 

 

Pour écouter l'émission: le site de Richard Federmann, MES SAGES DE VIE, Une émission de radio humaniste, au service du vivant

 

Le Vivre Ensemble c'est aussi le Faire Ensemble et construire cette Demeure de la Paix. Parce qu'il s'agit bien de la Demeure de la Paix dont les fondations sont la Culture de Paix. Comment poser des fondations où chacun y contribue, chacun amenant sa pierre?

 

Si l'idée est née pendant le Congrès International Féminin du 28 octobre 2014, c'est parce que le Féminin est porteur de vie, c'est la femme qui porte la vie, c'est la femme qui enfante. Pour aller dans ce sens que ce bébé ou cette graine se transmet de génération en génération pour que chacun en fasse son message, le fasse sien, pour que dans un cadre de synergie, dans un cadre du cercle de cette fraternité humaine qui dépasse un petit peu la religion, la spiritualité, les chapelles, les différences éthniques ou culturelles ou sociologiques pour qu'elle devienne l'affaire de tout le monde, pour que chacun de nous puisse porter cette graine d'espérance et la transmettre, afin que les générations qui viendront après nous trouvent une indication, trouvent un lieu commun pour continuer cette aventure de cette fraternité humaine où chacun est membre pour faire l'unité de ce corps divisé aujourd'hui et confronté à des problèmes énergétiques, économiques, financiers, politiques qui, si nous ne faisons pas attention, vont nous emmener de plus en plus vers la déchirure, la rupture et la catastrophe.

 

Comment peut-on devenir acteur du Vivre Ensemble ? Comment se dire "je peux être cet acteur?"

 

Chacun de nous peut dire qu'il est cet acteur du Vivre Ensemble du moment où il passe de la culture de JE vers la Culture de Nous, dès qu'il pense que lui tout seul ne pourra rien mais lui avec les autres peut quelque chose. Il faut que, en nous, dans notre conscience, nous fassions ce saut, de la Culture de JE, le je égoïste, narcissique qui est parfois une chaîne, parfois une prison, de passer à la Culture de Nous. Moi tout seul je ne peux pas, mais moi avec l'autre nous pouvons faire un pas ensemble, nous pouvons aller un peu plus loin.

 

Chaque voyage commence par le premier pas. Donc ce premier pas c'est que je comprenne que ma vie, ma prospérité, ma sécurité, mon avenir, dépendent de la prospérité, de l'avenir, de mes relations à l'autre. L'autre est pour moi une aide à mieux me comprendre et à mieux vivre. Le Vivre Ensemble c'est aussi le Faire Ensemble. Il faut qu'on ait des projets, des projets d'individus à individus, entre homme-femme, entre voisins, dans la cité, dans le pays et dans le monde.

 

Commençons par le tout petit projet, le projet de soi. Il faut que moi-même j'aie plus confiance en moi et que je transmette cette graine d'espoir que je porte parce qu'elle est mienne, elle devient mienne. C'est comme si - si tu veux - quand un couple se rencontre: pour que la vie puisse continuer à se transmettre, il faut qu'il acceptent tous les deux d'être dans l'unité, homme, femme, féminin masculin, pour que la vie puisse continuer, que la vie puisse se transmettre. Il faut que de deux naisse l'un.

 

C'est comme cela que ce Vivre Ensemble et ce Faire Ensemble va naître de conscience à conscience. Et pouvoir prouver que l'humanité est encore capable d'enfanter une aventure, l'aventure d'un idéal, l'aventure d'un rêve, d'une utopie.

 

Nous sommes là pour que cette utopie devienne réalité avec toutes les contraintes, les limites et les frontières que nous nous imposons aujourd'hui malheureusement. Il faut aller avec audace et espérance et dire OUI, il y a en nous une force, une énergie qu'on appelle la fraternité et qui est capable de pouvoir dépasser ces limites et ces contraintes que nous nous sommes créées.

 

Comment passer du JE au NOUS ?

 

Tu vois, tu me souris, je te souris et il n'y a plus la limite raciale, ou religieuse, ou nationale ou idéologique qui nous sépare. L'alchimie elle est là, c'est quand ce voile se déchire. Le voile des compromis, les compromissions entre les hommes, les catégories: celui-là il est juif, celui-là il est musulman, celui-là il est blanc, celui-là il est noir, celui-là il est croyant, celui-là il est incroyant. Tout ça, c'est les limites qu'il faut déchirer.

 

Le JE c'est que je me protège des autres - croyant que je me protège des autres - en renforçant ma carapace. Alors que c'est le contraire qu'il faut faire. Pour mieux se connaître soi-même, il faut sortir de ses limites. Faire un pas en dehors de soi-même, en dehors de nous-mêmes. Aller à la rencontre de la Vérité, c'est oser sortir des limites et des contraintes que nous nous sommes imposées. Ou que notre héritage culturel, sociologique, tu vois, le conditionnement culturel, cette identité meurtrière, cette identité qui nous emprisonne dans des limites. Je ne suis pas ce qu'on me dit d'être.

 

Je suis ce que véritablement, intérieurement je suis. Je suis d'abord un être vivant et pas un être enchaîné à une race, à une culture, à une religion. Je suis né homme libre. On m'a appris à être musulman, à être chrétien, à être juif, à être ceci, à être cela. Ce sont les contraintes du milieu culturel, qui viennent et qui te formatent. Donc laissons tomber un petit peu ce formatage et osons être nous-mêmes: de simples êtres humains.

 

Toi tu es Cheikh, tu es soufi, comment tu es sorti de cet habit?
Comment tu es libre?

 

En détruisant l'idole. En cassant l'idole. L'idolâtrie du moi. L'idolâtrie de l'égo, de l'appartenance, je suis fils de... je viens de... j'ai le titre de... j'ai le pouvoir de... (sonnerie de cloches). L'idolâtrie.

 

Interview de Richard Federmann, Mes Sages de Vie

 

Transcription AISA Suisse, Communication