5 janvier 2018

 

Plus de 830 personnes ont participé au Colloque « Vivre Ensemble, la Réconciliation de la famille humaine » organisé par AISA ONG Internationale qui s’est déroulé les 30 et 31 décembre à Cannes. De nombreuses personnalités en provenance de 14 pays se sont exprimées sur la nécessité du Vivre Ensemble lors des tables rondes qui furent une grande source d’inspiration.

 

 

Cette rencontre de Cannes a permis un grand moment de fraternité et de goûter au Vivre Ensemble en Paix.


Rappelons que la Journée Internationale du Vivre Ensemble en Paix décrétée par l’ONU aura lieu chaque année le 16 mai.

 

 

A l’initiative du Cheikh Bentounes, leader spirituel de la Voie soufie Alâwiyya, 120 jeunes de 12 à 20 ans en provenance des pays européens et du Maghreb ont participé à un séminaire de quatre jours intitulé « Donner une âme à la mondialisation » qui précédait le colloque afin de les sensibiliser à la Culture de Paix.

 

Photos du séminaire avec les jeunes
Photos © Catherine Touaibi

 

"La violence existe. C’est à vous de faire le choix aujourd’hui de ne pas être attirés par les sirènes de la violence et de les remplacer par des appels au Vivre Ensemble en Paix. C’est un choix. A vous de faire le choix. C’est débattre ou combattre.

 

Le Vivre Ensemble c’est quelque chose sur laquelle vous devez travailler, mais avec une autre vision. La paix n’est pas seulement l’absence de guerre ou de conflits. La paix est un état d’être. C’est une attitude. C’est un état de conscience pour nous tous. La paix, d’abord il faut la goûter, il faut la vivre. Il faut commencer par réaliser ça en vous. Cet état de paix, il faut qu’il soit en vous. A partir de ce moment, vous allez pouvoir cultiver votre jardin, votre jardin intérieur, votre façon de voir le monde, votre vision du monde, votre vision de vous-mêmes, votre vision du pays où vous êtes, votre vision de la ville où vous êtes avec vos frères, vos soeurs, vos voisins. Le Vivre Ensemble est quelque chose qui ne peut pas se vivre dans la solitude. Il prospère et grandit une fois qu’il est partagé."

 

Extrait du Message du Cheikh Bentounes aux jeunes, le 29 décembre 2017

 

 

Reportage de Yazid Larbi sur le séminaire "Donner une âme au Vivre Ensemble" (30 min.)

 

Chant des Jeunes pour la Paix

 

Couplet 1 :
Toi sans moi je ne suis pas
Moi sans toi je ne suis pas
La shahada nous guide vers salem
Où tout le monde vie ensemble
Où tout le monde s’aime
Les fruits bien mûrs au goûts de miel
Manger bien c’est réel
Matkloch karmos Koulou ghir karmos

Refrain:
Queremos o no queremos todos somos hermanos
Desde que eramos niños, todos somos amigos

Soukna ‘amar billah

Couplet 2 :
Le cercle est en nous même
C’est de la pratique , machi kalam
Lazam ihtimam
With peace we will be one

Refrain

Couplet 3:
Meta a une vision partagé
Pour accéder à notre humanité
Il nous faut la sincérité
Pour une fraternité

Refrain

Couplet 4:
Le développement durable
Nous en sommes tous capables
Pour un monde plus agréable
Pour laisser un monde batissable.

Refrain

Comprendre la différence entre religion et spritualité, Cheikh Bentounes

 

Inauguration de l’exposition Alger, la protégée d'Allah, présentée par la Fondation ADLANIA

 

Philippe Roch, Driss Koraïch, Hamid Demmou, Cheikha Nur H. Artiran, Cheikh Bentounes, Nasser Eddine Mouhoub et Cheikh Abdallah Ouazzani

 

Visite commentée par le Cheikh Bentounes

 

"Les Arabes qui sont venus d’Arabie en Algérie ont amenés deux choses avec eux: un livre (le Coran) et une mesure. Cette mesure était le symbole pour la coexistence de la société et l’égalité des traitements de cette société."

 

 

Table ronde avec Patrick Busquet, Philippe Roch, Jean-Marie Etter, Driss Koraïch, Hamid Demmou et le Cheikh Bentounes

 

Image du colloque
Photos © Catherine Touaibi

 

Table ronde, intervention de M. Driss Koraïch, Ministre plénipotentiaire à la retraite

 

"Ma conviction globale, c’est que l’ONU a absolument besoin d’hommes et de femmes de foi, a besoin d’un instrument de foi qui s’inspire de ce qui unit plutôt que de ce qui divise.
La mise en oeuvre de cette approche passe nécessairement par l’introduction de la diplomatie spirituelle en tant que nouvelle force géopolitique et une tendance efficace qui pourraît être considérée comme alternative.


De par le monde, les politiques ont depuis des années appelé à spiritualiser la diplomatie. La spirituealité peut réussir là où échoue la politique. Elle peut apaiser les tensions et rassembler autour des valeurs communes, les valeurs de Vivre Ensemble."

 

 

Intervention de Philippe Roch, ancien directeur de l'Office fédéral de l'Environnement

 

"Le Vivre Ensemble est la définition-même de l’écologie, peut-être la définition à la fois la plus simple et la plus complète.

En effet toute la vie est construire sur le Vivre Ensemble. Aucun être ne peut vivre seul. Nous vivons au sein d’une immense famille écologique qui assure toutes les productions de la nature grâce au fonctionnement des  écosystèmes.
Depuis Pasteur nous nous sommes beaucoup méfiés des bactéries, oubliant que nous dépendons totalement d’elles pour notre vie, et que plusieurs milliards d’entre elles habitent notre corps pour nous aider en particulier à digérer.

L’écologie est aussi le vivre ensemble avec le milieu, dit inanimé. La communauté du vivant ne peut s’épanouir que dans un environnement sain et complet.


Tout système biologique est en étroite relation avec le substrat minéral, l’air et le soleil et donc le cosmos, dont toutes les parties obéissent aux mêmes lois de la nature."

 

 

Extrait de l'intervention de Cheikha Nur H. Artiran, Présidente de la Sefik Can International Mevlana Education and Culture Foundation, Istanbul

 

"Depuis que le monde est monde, aucun à part le Prophète, n’a accordé autant d’importance aux jeunes. Lorsque la Mecque a été conquise, le 1er préfêt de la Mecque était un jeune de 20 ans, nommé directement par le Prophète lui-même. De nos jours encore, personne ne va nommer un jeune de 20 ans comme préfêt  dans une ville importante. Il a également des scribes chargés de la révélation. Il y en avait un qui avait 13 ans. Le Prophète avait un interprète âgé de 16 ans. Et à la Mecque le premier à avoir récité la sourate Rahman (Le Miséricordieux) avait 16 ans. Il y a beaucoup d’exemples. Je souhaitais simplement exprimer à quel point les jeunes ont une importance cruciale, ils sont notre avenir.

En vérité le fait que le 16 mai ait pu être consacré Journée Internationale du Vivre Ensemble en Paix mérite nos louanges. De grands efforts ont été déployés. Cette décision n’a pas été remportée facilement par le Cheikh Bentounes.

Nous ne voulons qu’une seule chose: ressentir la paix que nous procure le fait de Vivre Ensemble, ne serait-ce qu’une journée dans l’année.

Si nous devions dire que nous souhaitons faire la guerre, nous n’aurions pas dû faire autant d’efforts. Cela nous montre à quel point nous sommes descendus dans l’Humanité. La cause de tout cela: Une existence éloignée de la spiritualité, entièrement fondée dans la matière.
Si un être humain veut propager la paix dans la société, il faut au préalable qu’il soit en paix avec lui-même."

 

Extrait de l'intervention de Jean-Marie Etter, ancien directeur de la Fondation Hirondelle


"J'aimerais conclure ce partage de mon expérience par quelques réflexions personnelles. Lorsque l'on est heurté, agressé, par le comportement d'une autre personne, ou d'un autre groupe social, confessionnel, linguistique, culturel, on peut choisir de le combattre: le combattre par la violence, par l'assimilation, ou par la conversion au sens religieux ou au sens culturel du terme.

On peut aussi le tolérer: le tolérer dans le sens de l'accepter parce qu'il faut bien l'accepter, mais en pensant à l'intérieur de soi-même que ce serait quand même mieux si cette personne, ou ce groupe ne venait pas troubler notre existence. Si la tolérance est ainsi une "acceptation à contre-coeur", c'est mieux que le canon, bien sûr, mais cela ne mène pas très loin.

Accepter la différence, c'est pour moi me réjouir de cette différence, la considérer comme une richesse, comme une valeur ajoutée, comme une chance et pas comme une menace. Et ceci n'est possible, nécessairement, seulement, qu' en gardant et en affirmant ma propre identité.

Mais je crois aussi que cela n'est possible que si je vois en l'autre ce que nous avons de commun. Le fanatique que je déteste, le meurtrier, le type qui prend toute la place dès qu'il entre dans une salle me ressemblent. Nous avons en commun notre humanité.

Pour combattre l'autre, pour le tuer, pour l'écarter du bien-être commun, pour lui dénier son droit à une existence digne, il faut renoncer à une partie de sa propre humanité. C'est pour cela que le défi du vivre ensemble concerne toute l'humanité, concerne tout le monde. Si nous acceptons de nous enfermer dans le cycle des conflits de toutes sortes, et le risque est bien là, si nous acceptons que les extrémismes et les totalitarismes règlent notre monde, c'est notre humanité, c'est-à-dire notre qualité d'êtres humains, qui va régresser.

Dans le contexte des armes dont nous disposons aujourd'hui, dans le contexte de l'inteligence artificielle et des moyens qu'elle nous donne, c'est aussi l'humanité, c'est-à-dire l'ensemble des êtres humains vivants, qui peut être mise en question: si nous refusons le droit à l'existence à l'autre, c'est en fait notre propre droit à l'existence que nous remettons en question.

Le terrain d'entraînement
Je crains donc que comme les sportifs, nous devions nous entraîner. Tous les jours, nous devons nous entraîner à gérer les conflits. Le terrain d'entraînement est là, il nous est offert. Nous vivons en couple; nous avons des collègues, des amis, des professeurs, des camarades, nous croisons des fonctionnaires, des policiers, des marchands.

Autant de personnes, autant d'occasions de conflit. Je m'entends penser: "Je ne peux plus le supporter, celui-là!" Ou " Mais ce qu'elle m'énerve! " Voilà un formidable terrain d'entraînement. Qu'est-ce qui m'énerve, qu'est-ce que je ne supporte pas... Il a le droit d'être ce qu'il est, ma foi, il est différent de moi, mais il a le droit...

Vous vous rendez compte, si nous étions bien nombreux à nous entraîner ainsi à gérer nos conflits? Je pense que ce serait plus facile que de gérer ceux qui concernent des groupes ethniques, religieux, nationaux  entiers.

Est-ce une utopie? A chacun d'entre nous de décider, pour lui-même, si c'est une utopie, ou pas. "

 

 

 

Extrait de la conclusion du Cheikh Bentounes

 

"Je voudrais remercier tous ceux qui sont présents et les absents qui nous regardent à travers la technologie, à travers le monde. Je voudrais rendre grâce à Dieu qui nous a rendu digne de pouvoir semer cette espérance dans le coeur de chaque être sans distinction de race, de religion, de pays et de faire en sorte qu’elle puisse germer. Si on a aujourd’hui la graine, rien nous assure que la graine va donner des fruits. Le travail, c’est le travail qui nous attend tous, sans exception, si nous souhaitons laisser un témoignage de notre bref séjour, qu’on appelle la vie.

 

On a beaucoup aujourd’hui parlé du soufisme, je ne voudrais pas me faufiler ou dans ce que vient de nous décrire ceux qui nous ont précédés et je les remercie. Ils ont dans la mesure du possible essayé de nous décrire, cette tradition, cette culture, cet enseignement de la dignité humaine, du rapport à l’autre et surtout du bel agir.

 

Je commencerais déjà à parler du capital, qui personellement nous tient à coeur. C’est nos enfants et nos petits-enfants. L’humanité se succède de générations en générations. L’échec d’une génération peut provoquer une escalade chez les générations qui viennent après nous. Nous avons une responsabilité humaine, morale, spirituelle, religieuse pour ceux qui ont la foi. Mais nous avons surtout une responsabilité vis-à-vis de notre propre conscience en tant qu’être, en tant qu’individu, de pouvoir à notre tour semer l’espoir dans la nature humaine.

 

Une humanité qui ne transmet pas c’est une humanité déjà morte. Oui, en tant qu’hommes, en tant qu’espèce, nous pouvons continuer, mais sans humanité. Nous allons être de plus en plus déshumanisés. C’est l’inhumain qui va l’emporter sur l’humain. Il est temps aujourd’hui de s’appuyer sur des sagesses qu’elle soient soufies, chrétiennes, laiques, pour pouvoir cultiver une humanité capable de transmettre des valeurs humaines.

 

 

Personne aujourd’hui n’accepte de tenir ce rôle, d’être le serviteur d’une humanité qui aujourd’hui est en rupture de sens et qui va peut-être demain l’être davantage. Je ne voudrais pas faire du catastrophisme, il suffit seulement de regarder, d’écouter, d’ouvrir les yeux pour voir que le monde change à une vitesse Grand V, que nous vivons des moments où il y a une accélération et une cassure dans les sociétés entre pauvres et riches, entre ceux qui possèdent la technologie et ceux qui ne l’ont pas, entre ceux qui mangent trop et ceux qui n’ont pas de quoi manger. Cette disparité qui fait que une élite au sommet, donc le pyramidal possède les avoirs, les pouvoirs et distribue les richesses. Alors par quelle magie, quelle philosophie, quelle religion, quelle philosophie, allons-nous revenir à la base du cercle qui est le point zéro pour éduquer, ensemble, enseigner, éveiller notre jeunesse pour quelle ne fasse pas la même erreur que nous.

 

 Il n’y a pas d’université qui éduque les jeunes à gérer les conflits.

 

Nous devons faire un saut qualitatif par l’éducation. Encore une fois une éducation d’éveil qui interpelle l’être humain et nourrit sa conscience pour qu’il puisse faire face aux défis qui l’attendent. Je n’ai pas la recette, malheureusement. Mais je crois que l’initiative qui a été prise de faire symboliquement du 16 mai la Journée Internationale du Vivre Ensemble en Paix. Cette Journée une clé qui nous permet d’ouvrir de nouvelles portes, une réflexion de nouvelles voies. Un cheminement nouveau. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est comment donner corps et âme à ce Vivre Ensemble ? Par l’éducation. Je ne vois pas autre chose que par l’Education d’éveil.

 

Sinon nous perdons notre temps à nous glorifier, à nous jeter des fleurs. Aujourd’hui le temps presse et notre génération aujourd’hui, chaque jour qui passe est un jour qui ne revient pas, chaque mois qui passe ne revient pas, chaque année qui passe est une année qui ne revient pas. Nous sommes tous heureux et contents de fêter le dernier jour de l’année 2017 mais c’est une année de moins pour notre génération. Nous devons être plus conscients encore, parce que nous n’aurons plus ni l’énergie, ni l’intelligence, ni la santé de pouvoir donner ce qu’on souhaite donner. L’urgence est là.

 

Donc encore une fois, nos efforts ne comptent pas grand chose dans la réalisation de cet événement ou cet avènement. Si c’est un événement: Bravo on a gagné. Si c’est un avènement, alors tout est à faire."