Jésus, un Prophète de l'Islam

Jésus est aussi un personnage exceptionnel dans le Coran. Pourquoi ? Comment ? Dans la série Jésus et l’islam, diffusée sur Arte à partir du 8 décembre, les réalisateurs Gérard Mordillat et Jérôme Prieur – auteurs de Corpus Christi – mènent l’enquête auprès de vingt-six des plus grands spécialistes mondiaux et explorent l’émergence de l’islam du temps de Mahomet.

 

Pour les musulmans, Jésus n’est pas le fils de Dieu, ni Dieu lui-même, qui n’engendre ni n’est engendré et dont l’Unicité est attestée dans la profession de foi. Ainsi, il n’est pas question, dans la christologie coranique, d’Incarnation, ni de Trinité, et la crucifixion, promesse de la Rédemption chrétienne, n’est qu’une illusion (« cela leur est seulement apparu ainsi […] ils ne l’ont certainement pas tué, mais Dieu l’a élevé vers lui »).

 

La figure fondatrice du christianisme occupe cependant une place exceptionnelle dans l’islam : dans le Coran, Jésus est appelé « Messie », « parole de Dieu », « esprit émanant de Dieu », « serviteur de Dieu », et la naissance virginale du fils de Marie (al-Masîẖ ‘Îsâ ibn Maryam) est tout de même miraculeuse. Prophète de Dieu, Jésus annonce la venue de celui qui viendra après lui, Mahomet, sceau des Prophètes (sourate 61, verset 6).

 

C’est en partant des versets concernant la crucifixion (s. 4, v. 157 et 158) que les réalisateurs Gérard Mordillat et Jérôme Prieur donnent la parole à vingt-six chercheurs de renommée internationale – parmi lesquels Jacqueline Chabbi, François Déroche, Claude Gilliot, Hichem Djaït, Mohammad Ali Amir-Moezzi –, interrogeant la dimension théologique, historique et littéraire du texte. Historiens, philologues, épigraphistes de diverses cultures sont invités à « réfléchir à voix haute » dans une série documentaire très sobre : les réalisateurs ont décidé de « bannir tout ce qui [est] de l’ordre de l’illustration et de l’imagerie pour [se] concentrer sur la pensée, la parole et l’art du portrait ». C’est surtout pour eux l’occasion, après le succès de Corpus Christi (Arte, 1997), d’interroger la naissance de l’islam et de réfléchir à « ce que nous fait parvenir l’Arabie du VIIe siècle » à travers le Coran et les textes de la Tradition musulmane.