ONU Genève : l'Emir Abd el-Kader reçoit le prix de la Tolérance de la Fondation Ousseimi.

Prix de la Tolérance de la Fondation OUSSEIMI
C’est au siège de l’ONU et sous la Présidence du Directeur de l’Office des Nations Unies, Monsieur Sergei Ordzhonikidze que, le 4 novembre 2010, eut lieu la Cérémonie de remise de ce Prix, en présence d’un grand nombre de représentants diplomatiques dont l’Ambassadeur de Syrie, Monsieur Faysal Hamoui, et Monsieur Idriss Jazaïry, représentant permanent de l’Algérie à Genève auprès duquel siégeaient Madame Maria Ousseimi, Monsieur Jacques Moreillon et Monsieur Ollivier Vodoz, représentants la Fondation donatrice. Cette cérémonie d’attribution s’est déroulée en présence du Président du Conseil des droits de l’homme, l’Ambassadeur Sihasak Phuangketkeow, du président du CICR, Monsieur Jakob Kellenberger, et devant un parterre de quelques 600 participants, essentiellement des chefs de missions diplomatiques, d’universitaires et de personnalités religieuses et représentants du mouvement associatif dont le Cheikh Khaled Bentounes, Président d’honneur des Scouts musulmans de France et de l’Association internationale soufie Alawîyya (AISA).
Lors de la remise du Prix de la Tolérance de la Fondation Ousseimi fut remise une statuette (Oscar de la Fondation) et un diplôme (certificat) aux représentants de l’Algérie et de la Syrie. Ils seront remis respectivement aux plus hautes instances de l’Algérie et au Palais de Doumar (ex-demeure de l’émir Abd el-Kader) à Damas (Syrie) par le biais de leurs ambassadeurs respectifs. Les récipiendaires de ce prix sont deux chercheurs auxquels une bourse sera donnée pour accomplir le recensement d’archives dispersées dans divers lieux. Ces travaux devraient compléter la liste des sources actuellement disponibles sur l’Emir Abd el-Kader afin de constituer un répertoire général devant servir la communauté académique.
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Un Prix... deux lauréats :
Les deux lauréats, Madame Setty G. Simon-Khedis et Monsieur Tom Woerner-Powell auront à réaliser ce répertoire général qui sera publié lorsqu’il sera terminé. Grâce aux recherches et travaux de ces deux chercheurs, s’effectuera l’inventaire des archives conservées de par le monde, inventaire qui s’impose aujourd’hui et ce, afin d’éclairer encore plus les différentes facettes d’un personnage qui continue à fasciner et dont la voix est aujourd’hui non seulement nécessaire mais d’une actualité encore plus brûlante qu’au XIXème siècle.
Quelques extraits d’allocutions :
« Si ce Prix est paradoxalement décerné à titre posthume, et que, celui dont on a dit qu’il était le Prince des Saints dans la cour des Princes n’est pas physiquement présent… il l’est, pour le moins, dans nos cœurs et nos pensées, pour rappeler que son message est toujours d’actualité. Face aux enjeux politiques et économiques actuels, sous-tendus par des attitudes morales et religieuses antagoniques, il devient, en effet, urgent et nécessaire de donner en exemple, ce qui a été possible ; de se souvenir que ce passeur de l’Orient à l’Occident et de l’Occident à l’Orient, en visionnaire éclairé, nous lègue un message qui interpelle encore aujourd’hui nos consciences. Véritable Chevalier des temps modernes, il nous convie à aborder les questions du monde dans le respect des idées et des croyances de l’autre – non en s’accommandant de la différence au nom seulement, d’une tolérance fondée sur la liberté d’expression et l’égalité – mais par l’accueil de l’autre, comme une partie de soi-même. L’humanité entière ne fait qu’Une et comme disait un autre grand mystique algérien, le Cheikh Mustapha al-Alawî : Quand une partie du corps a mal, c’est tout le corps qui a de la fièvre. »
Mme Setty G. Simon-Khedis, lauréate du Prix de la Tolérance de la Fondation Ousseimi
« l’Emir Abd El-Kader est le Fondateur de l’Etat algérien contemporain, un résistant chevaleresque à l’invasion coloniale mais aussi, et surtout, un croyant, un soufi, un poète et un promoteur résolu, avant l’heure, du droit humanitaire…c’est en grande partie à son rôle précurseur dans l’affirmation de valeurs universelles qui vaut à l’Emir ces témoignages sans cesse renouvelés…C’était la manière de l’Emir de revendiquer, avant l’heure, les droits de l’homme pour les minorités, en même temps qu’un des droits de l’homme les plus sacrés pour tous: le droit à la vie… l’Emir évoque la complémentarité des religions et le fait qu’elles débouchent toutes sur la tolérance. Son héritage spirituel a profondément marqué le peuple algérien et le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika qui prit dans sa jeunesse le nom d’Abdelkader comme nom de guerre durant la guerre de Libération, s’en est profondément inspiré dans l’exercice de ses hautes fonctions ».
Mr. Idriss Jazairy, Ambassadeur d’Algérie
Prix de la Tolérance de la Fondation Ousseimi, le 4 novembre 2010, ONU Genève.
« Il fallait du courage, beaucoup de courage, des convictions solides, il fallait de la générosité, générosité qui a survécu à maintes expériences décevantes qui auraient pu l'étouffer. J'insiste sur ce point, en me plaçant ainsi délibérément en dehors des catégories de cultures, et civilisations et leurs rapports mutuels qui font couler tellement d'encre. L'Emir constitue pour moi également la preuve que c'est d'abord l'attitude de l'être humain qui compte. Et, après, bien sûr, nous appartenons à différentes cultures et civilisations que les uns envisagent surtout en lutte, les autres en dialogue et d'autres encore, plus spécifiquement, en un.
Une personnalité comme l'Emir Abd El-Kader est une source d'espoir par son exemple de la tolérance et son exemple que la tolérance ne suffit pas pour aspirer à l'humanité : il faut aussi la générosité et le courage. ».
Paroles du Dr. Jakob Kellenberger, Président du CICR